perfection suppose aussi une personnalité complète qui possède les attributs des deux sexes. Si la Femme enceinte (1) évoque le rapport qui existe entre la conscience divine et l'androgyne primordial, l'Escargot Superstar (2), une sculpture très délicate, propose cette fois le lien étroit entre la connaissance chtonienne et l'éternel féminin. Une jeune femme nue, debout, couleur de l'aurea apprehensio, vient de sortir avec décision de sa grande coquille. Voilà un symbole archétypal de la puissance créatrice de la femme (ce n'est pas un hasard si Vénus naît d'une coquille) chargé d'une intense valeur érotique ; sa forme et sa profondeur labyrinthique rappellent l'organe génital féminin. Deux autres éléments soulignent la valeur allégorique de cette œuvre. L'escargot est un mollusque qui, comme les divinités primordiales, est hermaphrodite, et les cormes, sur la tête du petit nu, sont encore des caractéristiques propres aux déesses de la fécondité.
Dans la tradition biblique, les cornes symbolisent le rayon et l'éclair, autrement dit la lumière de la connaissance. C'est pourquoi l'iconographie traditionnelle représente souvent Moise qui descend de la montagne après avoir reçu les Tables de la loi avec deux cornes qui ressemblent au croissant de la lune. Dans les Psaumes, quand le poète chante la sagesse de David, il écrit la promesse de Dieu : " Je ferai germer une corne à David " (132 :37) . Comme

Prof. Jean Clair

tous les symboles archétypaux, les cornes ont une valeur ambivalente qui, dans ce cas, nous renvoie à l'état de la divinité androgyne. Jung précise que la corne symbolise aussi bien le principe actif masculin, par sa forme et son pouvoir pénétrant, que le principe passif féminin, quand les deux cornes s'ouvrent en forme de réceptacle.
Dans Dark Lady (3), nous voyons une femme à tête de huppe, vêtue d'un jus-taucorps mais le sein découvert, assise dans un fauteuil, les jambes largement ouvertes. Plutôt que de m'attarder sur la grande valeur plastique de la composition, je préfère souligner deux détails qui viennent préciser la dimension mytyique du corps féminin chez Max Hamlet.
L'attitude du personnage rappelle irrésistiblement celle de la Pythie de Delphes qui quand elle prononçait ses oracles, était assise sur l'holmos, les jambes grandes ouvertes, et montrait sa vulve. Cette attitude rappelle celle des idoles préhelléniques fréquemment retrouvées dans les endroits oraculaires.
La stabilité de ce motif iconographique, qui n'a donc pas changé pendant des millénaires, trouve d'autres témoignages dans de nombreuses représentations de la Déesse Mère qui remontent parfois à l'époque paléolithique.
La Déesse Mère de Jhansi (2200-200 avant Jésus-Christ), une terre cuite de l'Inde centrale conservée
                                                                continue

Klivar Miroslav

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